Parfois, une simple parole, un regard, une absence de mots suffit à blesser.
Pas parce qu’on l’a voulu, mais parce que cela est venu toucher une douleur chez l’autre, un espace fragile que nous ne pouvions pas deviner.
Et souvent, ce qui suit est encore plus douloureux : le jugement.
Celui de l’autre, ou celui que nous portons sur nous-mêmes après coup.
Je me rends compte que beaucoup de malentendus, d’éloignements, de ruptures relationnelles viennent non pas de ce qu’on a fait, mais de la manière dont cela a été interprété, filtré par les blessures, les attentes, le passé de chacun.
Une parole qui dépasse, un silence mal perçu, un moment d’oubli… et c’est parfois des années d’amitié qui s’effacent.
Mais dans tout cela, qui juge qui ?
Dans nos sociétés occidentales, le jugement est omniprésent. Le mental juge, catégorise, étiquette.
Il commence très tôt : bien / mal, fort / faible, réussi / raté, gentil / méchant…
Notre mental s’est construit dans cette logique binaire.
Il analyse, compare, trie, sépare. Il pense avoir raison. Il croit protéger.
Mais ce mécanisme nous coupe souvent du cœur, de la compréhension de l’autre, de l’humilité.
Nous réagissons en fonction de ce que nous pensons, pas de ce que nous ressentons profondément.
Et ce jugement, on le tourne aussi vers nous-mêmes : “Je n’aurais pas dû dire ça”, “Je suis nulle”, “Je ne suis pas une bonne personne”…
C’est un cercle intérieur de culpabilité et de séparation.
La pratique du yoga nous offre un espace de présence, un retour à la simplicité.
Sur le tapis, il n’y a rien à prouver, rien à réussir, rien à “être” d’autre que soi.
Pas besoin d’être souple, calme, performant.
Juste présent.
Peu à peu, à travers le souffle, l’attention, l’écoute du corps, on apprend à ne plus se juger.
À accueillir ce qui est là : une fatigue, une tension, une émotion.
Et de cette bienveillance envers soi peut naître une bienveillance envers l’autre.
Le yoga nous enseigne l’humilité, le recul, l’art de ne pas tout prendre personnellement.
Et surtout, il ouvre le cœur.
Le chakra du cœur, anahata, devient alors un espace de lien, d’acceptation, de pardon.
Lors de mes voyages, j’ai été profondément marquée par certains pays, et en particulier par le Népal.
Là-bas, dans cette culture imprégnée du bouddhisme, le jugement est quasiment absent des interactions quotidiennes.
Les gens sont présents, disponibles, simples, profondément humains.
On sent une forme de respect naturel pour l’autre, sans chercher à le changer ou à le classer.
Il y a une forme de sagesse silencieuse, de douceur dans les rapports humains.
Et je me dis souvent : “Si l’on pouvait s’inspirer un peu plus de cette façon d’être…”
Voici quelques pistes simples mais puissantes pour sortir du jugement quotidien :
- Prendre conscience : dès qu’un jugement émerge (“Il/elle est trop comme ci…”, “Je ne supporte pas ça chez lui/elle”), le regarder, le nommer, sans le nourrir.
- Remplacer le jugement par la curiosité : “Qu’est-ce que ça vient réveiller en moi ? Et si j’essayais de comprendre plutôt que de réagir ?”
- Se rappeler que chacun a ses blessures, visibles ou invisibles.
- Prendre soin de ses mots, de son ton, de son énergie quand on s’exprime.
- Pratiquer le yoga comme un entraînement au non-jugement de soi. Plus on devient doux avec soi, plus on peut l’être avec les autres.
Nous ne sommes pas parfaits. Aucun de nous.
Mais nous avons tous en nous la capacité de cultiver plus de présence, de compassion, de compréhension.
Et si un jour vous vous surprenez à juger, ou à être jugé…
Souvenez-vous simplement que derrière tout cela, nous cherchons tous à être vus, aimés et acceptés.
Le yoga, par sa pratique sincère, peut être ce chemin de retour à l’autre… et à soi.
Namaste.