Ce matin, une élève est venue à mon cours. Elle était épuisée, profondément mal, en arrêt maladie. Elle avait touché le fond. Elle me l’a dit clairement : « Je ne peux pas descendre plus bas ». Et pourtant… elle est venue.
Elle ne pouvait pas bouger. Une fois sur son tapis, son corps est resté immobile. Assise ou allongée, elle n’a effectué aucun mouvement pendant tout le cours d’Hatha Yoga. Et pourtant, elle était pleinement là. Présente. Elle avait simplement envie d’être avec nous, de sentir l’énergie du groupe, de se laisser porter. De respirer un peu. De sortir la tête de l’eau.
J’honore profondément son courage. Sa simple présence était une immense pratique en soi. Elle n’a pas fait de postures… mais a-t-elle vraiment « moins pratiqué » que les autres ? Non. Elle était là, à m’écouter guider, à imaginer son corps se mouvoir dans les postures, à se connecter intensément à elle-même, à accueillir ce qui se présentait : les pensées, les émotions, les douleurs, les vagues intérieures. Présente à ce qui est. En méditation vivante.
Et c’est bien cela, le cœur du yoga. Pas la forme des postures, pas la souplesse, pas la performance. Mais la présence. Le souffle. L’accueil. L’espace de conscience qui se déploie lorsque l’on cesse de fuir l’instant. Les asanas ne sont qu’un moyen parmi d’autres de se recentrer, de calmer le mental, d’aller au plus près de ce que nous sommes vraiment : une présence pure, au-delà des pensées, des émotions, du corps.
Merci Hélène, pour ton courage et ta sincérité. Merci d’avoir honoré ta lumière, même dans la noirceur du moment. Merci d’avoir rappelé, à travers ton silence et ton immobilité, que le yoga commence là où nous sommes, avec ce que nous avons.
Peu importe les douleurs, les blessures, les limites. Même avec un bras dans le plâtre, même épuisé, on peut venir sur le tapis. Et parfois, c’est dans ces moments-là que la pratique est la plus profonde, la plus vraie. Parce qu’elle nous oblige à écouter, à sentir, à être. Simplement être.
Namaste.