Claire venait à mes cours de yoga depuis quelques semaines.
Toujours ponctuelle, toujours polie, mais je sentais qu’elle ne s’y retrouvait pas.
Un soir, elle m’a confié à voix basse :
“J’ai du mal… c’est trop lent pour moi. J’ai besoin que ça bouge plus, qu’il y ait plus de postures.”
En réalité, je savais que ce n’était pas le rythme qui la dérangeait. C’était ce silence qu’elle fuyait. Ce face-à-face avec elle-même.
Alors je lui ai répondu doucement :
“Et si justement, ce manque d’agitation était une porte ?”
Elle a souri poliment, sans comprendre. Mais elle est revenue la semaine suivante. Puis encore après.
Et un jour, au milieu d’une séance lente, dans une posture immobile, les yeux fermés, je l’ai vue sourire autrement.
Pas le sourire social qu’on offre par politesse. Un sourire profond, presque imperceptible, qui venait du cœur.
Après le cours, elle est restée un moment en silence. Puis elle m’a dit :
“Je crois que j’ai compris… Je cherchais à l’extérieur ce que je viens de ressentir là, sur ce tapis.”
C’était ça, le déclic.
Le moment où elle avait cessé de vouloir “plus” et où elle avait accepté d’entrer dans “moins”.
Moins d’agitation. Moins de bruit. Moins de fuite.
Et dans ce moins… il y avait tout.