En observant la pratique du yoga aujourd’hui, je constate souvent une chose troublante : la méconnaissance, voire l’oubli complet, des 8 membres du yoga tels qu’enseignés par Patanjali.
On confond le yoga avec la souplesse, la performance ou la détente. On se concentre sur les postures (asana) sans toujours comprendre que ces pratiques ne sont que des marches vers un but bien plus vaste : le samadhi, l’éveil de la conscience.
Patanjali parle d’Ashtanga Yoga, littéralement, le yoga aux huit membres. Ce n’est pas un style, mais une voie progressive.
On n’y monte pas par hasard. Chaque marche prépare la suivante. Si les bases ne sont pas solides, la suite s’effondre.
Et la base, ce sont les Yama, le socle du yoga véritable.
Le premier membre, Yama, concerne notre attitude vis-à-vis des autres.
Il ne s’agit pas encore de méditer ou de respirer : il s’agit de vivre avec intégrité, dans le respect des autres êtres vivants.
Les Yama sont cinq principes fondamentaux :
- Ahimsa – la non-violence, en pensée, en parole et en acte.
- Satya – la vérité, l’authenticité.
- Asteya – ne pas voler, ne pas prendre ce qui ne nous appartient pas.
- Brahmacharya – la maîtrise de l’énergie, la modération.
- Aparigraha – le non-attachement, ne pas accumuler.
Quand on comprend ces valeurs, on voit clairement que par exemple l’hypocrisie, la sournoiserie, la trahison ou le mensonge n’ont rien à voir avec le yoga.
Ce sont des obstacles majeurs sur le chemin de l’éveil de conscience.
Tant que nous ne les reconnaissons pas, tant qu’ils sont banalisés ou justifiés, il n’y a pas de vraie transformation possible.
Sans Yama, un cours de yoga n’est qu’une activité physique, déconnectée de sa véritable essence.
Et même pour soi-même, si l’on ne cultive pas au moins l’intention sincère de vivre ces valeurs, le chemin vers le samadhi reste fermé.
Cela ne veut pas dire qu’il faut être parfait. Mais cela veut dire qu’il faut être honnête. Avec soi-même, avec les autres.
Le yoga commence là : dans la vérité, dans le respect, dans la cohérence.
Le samadhi n’est pas un état magique réservé aux sages en grotte.
C’est un état de conscience libre de l’ego, des illusions, des conditionnements.
Un état d’union avec le réel, avec le vivant, avec ce qui est.
C’est la paix intérieure qui ne dépend plus des circonstances.
Mais cette paix ne se construit pas sur des fondations bancales.
Réhabiliter cette échelle du yoga, non pas comme un dogme, mais comme un chemin d’élévation profonde est fondamentale.
Un rappel que le yoga est une pratique de vie, un art de relation, un chemin de conscience.
Et que tout commence par là :
Comment je me comporte avec les autres ?
Est-ce que je suis sincère ?
Est-ce que je fais du mal, même subtilement ?
Est-ce que je peux poser un autre regard, plus aligné, plus vrai ?
Namaste.