Après avoir posé les bases de notre relation aux autres à travers Yama, Patanjali nous invite à tourner le regard vers l’intérieur.
C’est le rôle de Niyama, le deuxième membre du yoga : cultiver une relation juste, saine et consciente avec soi-même.
Alors que Yama concerne notre éthique envers le monde, Niyama s’occupe de notre discipline intérieure.
L’un ne va pas sans l’autre : sans fondations éthiques (Yama), la pratique reste instable ; sans engagement intérieur (Niyama), elle reste superficielle.
Patanjali décrit cinq Niyama :
1. Shaucha – la pureté
Purifier son corps, son environnement, mais surtout son mental. Cela ne signifie pas se rendre « parfait », mais cultiver la clarté.
Dans notre quotidien, cela peut être :
– une alimentation plus consciente,
– un espace de vie rangé,
– et surtout, un mental nettoyé des ruminations, de la jalousie, de la rancune.
Shaucha, c’est ne pas entretenir les pensées qui nous polluent.
2. Santosha – le contentement
L’une des pratiques les plus profondes et les plus difficiles.
Santosha, c’est être en paix avec ce qui est, même quand tout n’est pas parfait.
Cela ne signifie pas renoncer à s’améliorer ou à progresser, mais cesser de lutter contre le réel à chaque instant.
Santosha nous libère de la comparaison, de l’envie, de la course sans fin vers « autre chose ».
3. Tapas – la discipline ardente
Tapas, c’est l’effort juste, la chaleur intérieure qui nous pousse à pratiquer même quand ce n’est pas facile.
Cela ne veut pas dire forcer. Cela signifie choisir de rester engagé, même dans l’inconfort, parce que l’on sait pourquoi on marche.
Tapas, c’est la régularité sur le tapis, la persévérance dans la méditation, le courage de regarder en soi avec honnêteté.
4. Svadhyaya – la connaissance de soi
Ce mot signifie littéralement « étude de soi » ou « étude des textes sacrés ».
Il nous invite à observer notre fonctionnement intérieur, à lire des écrits qui élèvent, à nous interroger sincèrement :
– Qui suis-je vraiment ?
– Qu’est-ce qui me gouverne ?
– Quelles croyances dois-je remettre en question ?
C’est une forme d’auto-réflexion consciente, un dialogue avec l’âme.
5. Ishvarapranidhana – l’abandon au divin
Ce dernier Niyama est un joyau : il nous parle d’humilité spirituelle.
C’est reconnaître que malgré nos efforts, tout ne dépend pas de nous.
C’est remettre le fruit de nos actions entre les mains du plus vaste, du mystère, du divin ou de la Vie, selon nos croyances.
Ishvarapranidhana, c’est lâcher prise sans renoncer, c’est agir avec conscience, puis faire confiance.
Si Yama est la graine de notre éthique, Niyama est la lumière qui la fait pousser.
Trop souvent, dans le monde du yoga contemporain, on se concentre sur la technique. Mais si l’on ne cultive pas ces fondations intérieures, il n’y a pas de transformation véritable.
On peut pratiquer tous les asanas du monde, mais si on est rempli de colère, de compétition, ou de rejet de soi… le chemin reste bloqué.
Niyama nous apprend que la paix ne se cherche pas à l’extérieur, mais qu’elle se construit pas à pas, en nous.