Dans mes cours de yoga, je tutoie tout le monde. Peu importe ton âge, ton métier, ton parcours, tes vêtements ou ton histoire. Et je t’invite naturellement à faire de même avec moi.
Ce n’est ni une familiarité déplacée, ni un manque de respect. Bien au contraire. Pour moi, le tutoiement est une façon de casser les barrières sociales, de faire tomber les rôles, les statuts, les étiquettes. Ici, nous ne sommes pas au travail, dans une entreprise avec un patron, un employé, une hiérarchie. Il n’y a pas de rang. Il n’y a pas de “supérieur”. Juste des êtres humains en chemin.
Je n’ai jamais vu le vouvoiement comme une marque de respect. Je le ressens souvent comme une distance imposée. Une manière subtile de rappeler à l’autre qu’il est “à sa place”, dans un cadre qui ne laisse pas vraiment place à l’authenticité. Le vouvoiement, dans notre culture, peut vite devenir une injonction, une façon de se conformer à une norme sociale.
Mais dans une salle de yoga, je veux autre chose. Je veux qu’on puisse être ensemble, vraiment. Qu’on se rencontre au-delà des apparences, qu’on respire ensemble, qu’on laisse circuler l’énergie librement, sans cloison, sans masque. Le tutoiement facilite cela. Il crée un lien direct, simple, naturel. Il nous rapproche.
D’ailleurs, dans beaucoup de milieux sportifs ou artistiques, on se tutoie spontanément. Parce qu’on est là pour partager, coopérer, évoluer ensemble. Et c’est exactement l’esprit que je veux cultiver dans mes cours. On est là pour grandir ensemble, pas pour se juger ou se comparer.
Je me sens proche de mes élèves. Même de ceux que je vois pour la première fois. Il y a un lien immédiat qui se crée, parfois dès le premier regard, dès le premier souffle. Le tutoiement, pour moi, permet à cette connexion de s’installer plus vite, plus naturellement. Il fait tomber les défenses. Il ouvre le cœur.
Sur le tapis, nous laissons nos costumes à l’entrée. Plus de rôle social à jouer, plus d’image à renvoyer. Juste toi, moi, et ce souffle que nous partageons. Ce pranayama universel qui circule entre nous, nous relie, nous unit. Dans cet espace, on peut être soi, au-delà des codes et des convenances.
Alors non, je ne tutoie pas pour être cool ou “dans l’air du temps”. Je tutoie parce que je t’honore en tant qu’être unique, parce que je crois profondément que c’est ensemble, en égalité, qu’on peut s’élever.